Le douar où j’ai vu le jour était une petite agglomération,
De vieilles maisons à larges murs et cours carrées,
Groupées autour de la mosquée au petit minaret
Séparées de ruelles, de jardins et de cladode végétation.
En été, nos jardins frais et ombragés, étaient nos petits paradis,
Avaient d’infranchissables haies de mûrier sauvage,
De micocouliers, de frênes et de figuiers de barbarie,
Où viennent nicher tous les oiseaux aux beaux ramage.
Oliveraies et champs irrigués d’une eau qui coule de source,
Où nos braves se rendent chaque jour pour y remuer le sol,
Bêcher, creuser, désherber, semer, planter ou assolent,
Selon la saison, ils triment à suer comme dans une course.
Nos vieilles, nos mères, nos sœurs comme des butineuses
Vont, quant à elles, à leurs tâches dés que l’aube pointe
Avec la même ardeur que leurs hommes en dignes conjointes
Qui allume le feu, qui prépare le pain qui chantonne toute heureuse
Il n’y avait ni école proche, ni dispensaire pour petits soins
Ni cinéma, ni théâtre, ni boulevard, ni chaussée, ni trottoirs
Il n’y avait ni luxe, ni aisance, ni dépenses ostentatoires
Mais on était gais, sains et bien heureux dans notre coin.
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