LA BELLE ET LA BETE
Il était une fois, en de très anciens temps,
une Bête horrible retranchée en son palais.
Comme de nos jours, afin d'être riche et puissant,
nul besoin d'humanité les siècles passés !
A l'inverse de sa fratrie sotte et cupide,
la Belle, cadette d'un opulent marchand
était parée de tous les dons et d'une âme limpide.
Un jour, son père perdit son bien en peu de temps.
Promettant à ses enfants de riches présents,
il se rendit à la ville pensant se refaire.
La Belle ne voulut qu'une rose modestement.
Mais il ne parvint à conclure nulle affaire.
Coeur lourd, mains vides, s'en retournant vers sa maison,
il se perdit en chemin. Au logis de la Bête il arriva.
Et dans ce château qui semblait désert, il trouva à foison
pitance pour son cheval, pour lui mets délicats.
Le lendemain, il cueillit au jardin une rose,
afin de ne rentrer bredouille. La Bête parut,
prête à le passer de vie à trépas pour ce qu'il ose,
puis, se ravisant, réclama sa fille pour tribut.
Alors, la mort dans l'âme, il revint à sa maison.
La Belle, compatissante, ne songeant qu'Ã ses proches,
s'en fut se livrer à la Bête, et de la même façon,
trouva le palais accueillant à son approche.
Le monstre qui la vit, se consumant d'amour,
n'était pas si bête qu'on put le croire . D'attentions,
de soins délicats la comblant, parvint un jour
à changer la répulsion en adoration.
La Bête, de passion étrangement jugée digne,
rendit grâce à l'aveuglement de la jeunesse !
Délices d'amour sont comme celles du fruit de la vigne,
qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !