C'était un chemin blanc Menant à la forêt Et moi, j'étais l'enfant Souvent qui s'y perdait Les bras ouverts au ciel Et longs cheveux défaits Je cherchai l'hirondelle Dans son nid bien cachée Pour traverser le pont J'allais en sautillant Libre et légère Portée par les courants D'une belle rivière Où je posai mon âme Aux doux reflets des pierres Le vent, dans mes cheveux Soufflait déjà des vers A mon coeur joyeux Qui chantonnait des airs J'entourai de mes bras Tout en fermant les yeux Les arbres promenant Leurs regards jusqu'aux cieux Et ainsi je errai Pendant des heures entières Quand les grillons chantaient J'écoutai leurs prières Silence de l'enfance Et déjà solitaire Je jouai en silence A l'ombre des clairières Lorsque mes pieds salis A mes chaussures ôtées La fontaine fleurie Riait de mes audaces Sur le bord de la pierre Elle me fit une place Repeignant mes cheveux Aux frissons de son onde Tout en fermant les yeux Je rentrai dans son monde Belle, Mystérieuse, Souterraine et dans l'ombre Elle avait l'âme pieuse On la disait sacrée
Sacrée comme l'enfance Qui n'a pas remarqué Le voyageur pressé Qui allait s'abreuver Au puits de l'innocence D'une main attrapée Couchée dans la violence Et l'esprit ravagé Aux cris de la souffrance
Plus un oiseau ne chantait ... Plus un arbre ne frémissait ... La fontaine pleurait Et les pierres, Une à une tombaient Du mur qui dessinait Le chemin des brumes
Ma robe chiffon blanc Poupée de porcelaine Ne portait plus ruban Et en lambeaux se traîne Et c'est en rampant Que je cherchai le vent Le visage hurlant Et le corps qui saigne Je m'enfuie en criant De peur qu"'il" ne revienne En serrant, De mes petites mains Ma robe qui tombait Trébuchant en chemin Aux pierres sous mes pieds
Je ne voyais plus rien Je n'entendais plus rien Je montai l'escalier De la tour secrète Et longeai le couloir Sans qu'on me vit entrer Je n'apercevai plus Ni porte ni fenêtre Je tombai en ma chambre A genoux crucifiée
Mais il fallait paraître Et ne rien dévoiler Je posai mes habits Dans un coin du grenier Dans ce château de "Maître" Dans lequel j'habitai
Grand père et grand mère Bien loin d'imaginer Que si je baissai tête A l'heure du dîner C'est que dans mon assiette Que du noir je voyais
Arwen, mon petit ! Très vite il faut monter Tu as des gammes à faire Et au piano jouer
Mamie ! si tu savais !!!!
Mes doigts sur le piano Aux notes suspendues Pleurait un adagio Que je n'entendais plus.
Bonjour Arwen Au début du poème une fraicheur à peindre et puis le tableau se noircit je n'ai pu de couleurs je n'ai pu de mots... Mamie, si tu savais!!! Adagio...
Terriblement émouvant ! Une enfance volée, trahie, lapidée, étouffée, enfouie... A retrouver coûte que coûte pour reconstruire ce qui a été détruit. Sublime partage !
bonjour arwen, quelle terrible et triste histoire, ta plume a su partager avec talent cette émotion et ces rêves brisés, avec le contraste entre ceux qui savent et ceux qui ignorent, sublime poème ,
En espérant que ce n'est là pour toi que fiction j'ai suivi avec tristesse le terrible parcourt d'un cœur et d'un corps brisé par la déchéance humaine . HONORE
Je rejoins Capricorne. Très mal à l'aise en te lisant, très impuissant aussi face à cette douleur. Te dire tout de même à quel point je suis à tes côtés, mais tu le sais déjà. Bisous
---------------- " Il y a des volcans dont l'embouchure est à la mesure exacte de l'antique déchirure..." (Aimé Césaire)
Un chemin de l'enfance où la nature est une enveloppe charnelle, auquelle la petit fille se sent protégée loin de la ville nuisible et de ses désillusions, et au bord des ruisseaux et des fontaines, elle se sent bien. Ta très belle plume fait encore mouche, Arwen amitiés
---------------- Je crois qu'il n'y ait eu guère d'auteurs qui aient été contents de leur siècle. Vauvenargues.
Juste revenue un peu ce soir et c'est ton adagio que j'ai écouté, le cœur chaviré par ton histoire décrite avec un talent fou... C'est de l'art que de poser avec tant de finesses les notes de cette complainte... Ton archet d'artiste fait frissonner les cordes des émotions...
Un grand coup de coeur pour ton poème Une tristesse infinie en pensant à toutes ces petites filles
Bonsoir Arwen ! Encore un magnifique poème... Il commence si bien, dans l'insouciance de l'enfance, et puis, en un rien de temps tout bascule et est anéanti... C'est malheureusement ce qui arrive à certains enfants, et c'est atroce, rien que d'y penser... Et ensuite, faire comme si de rien n'était, rongé par la culpabilité, alos que l'enfant n'est qu'une victime. J'espère que ce poème n'est que fiction. Tu as si bien trouvé les mots pour nous émouvoir, nous toucher. Comme toujours, ma Chère Arwen. Avec toute mon Amitiés Napola
Quand tu mets des mots sur "ça" c'est comme si tu mettais des mots sur mes maux ... La décadence en ton poème se ressent , elle est angoisse , peur , et honte aussi .. Des sentiments auxquels je ne peux que me reconnaître ..
Merci d'avoir partagé ces sentiments pour ceux qui ne les ont pas vécus . Je pense que lumière doit être faite sur les vérités cruelles de ce monde où l'enfance innocente devient la victime de bourreaux inconscients et inhumains .
Car oui ces vérités là existent bien , elles ne sont point fiction, elles ne sont point le fruit de notre imagination de poète. Et je n'ai aucune pitié pour ces personnes et n'en aurais jamais .
Je t'embrasse Arwen , Mes tendres amitiés, Camille
---------------- J'ai toujours été passionné par le mariage de l'ordre et du désordre, que ce soit l'un qui produise ou perturbe l'autre, ou l'autre qui produise ou perturbe l'un.
une imagination débordante... non! ça dépasse l'imagination! nulle fiction... tes mots sont lourds de sens... un sujet grave! j'ai beaucoup aimé te lire ou plutôt te relire (je me suis rendu compte que je ne l'avais pas commenté celui là, après l'avoir lu...)
un poème douloureux à lire au debut tout n'est que fraîcheur et innocence...Mais vient la déchirure et tout s'obscurcit une douleur à laquelle je compatis ayant moi meme été victime d'une relation incestieuse mais la pudeur m'impose le silence.... Merci Arwen pour ce portrait si réaliste d'une enfance meurtrie
---------------- Les gens vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir... Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu. Le DalaÏ Lama
Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit… Khalil Gibran