C’est alors qu’il le toucha,
Enfin, sans trop comprendre pourquoi
Il était arrivé là :
« Salut à toi, ô Bonheur, je ne te cherchais plus,
Et voilà que tu surgis au coin de cette rue !
Pourrai-je dire à mes amis que je suis sûr de t’avoir vu ? »
Sous un flot de lumière,
L’illustre doctrinaire
Reconnut l’évidence de toutes ses chimères :
« Désolé cher égaré,
Car c’est moi qui te cherchais.
Tu pourras leur dire qu’on s’est juste croisés.
Mais pour l’heure,
Je suis curieux : pourquoi le bonheur
Serait-il, selon toi, la plus grande des erreurs !
En quoi crois-tu, si ce n’est plus en moi ? »
Le regard délicat,
Les lèvres à bout de bras,
L’homme sans nom se mit à rire,
De son triste délire :
« J’ai foi en le plaisir,
En la joie, en la souffrance,
En tout ce que je touche depuis ma tendre enfance.
Derrière ton masque, vit l’espérance
D’une vie sans vie.
Je ne peux que plaisanter devant cette ironie ! »
Alors le bonheur se mit à se moquer, lui aussi,
De tous ces autres si envieux.
Puis, s’éloignant, il avoua un peu honteux :
« Le bonheur prédestine à ne pas vivre heureux… »