LA CIGOGNE
Plumes blanches, plumes noires, bec cramoisi.
Chaux, bois foncé, géraniums. Blouse immaculée,
jupe corolle rouge, noeud démesuré.
Voilà bien les couleurs emblème d'un pays.
La cigogne dessert nids d'amour et foyers
en y semant sans le moindre discernement,
habitude défiant tout entendement,
les bébés nichés au creux d'un linge plié.
Sur faîte ou cheminée, se perche de guingois
son nid démesuré bâti à sa pointure
et qui recèle toute sa progéniture,
s'écroulant parfois avec pertes et fracas.
Du compas précis de ses jambes angulées,
dans les prés du vieux Ried elle arpente et fouille,
l'oeil rieur à la recherche de grenouilles,
disputant sa provende au grand héron cendré.
Et l'été s'épuise. Survient la froidure.
Un secret appel rassemble ses congénères.
Toutes s'élancent d'un seul élan dans les airs,
et de la migration commence l'aventure.
En défiant, altières, hauteur et distance,
jambes traînant dans leur sillage, col pointé,
à lents chavirements d'ailes, rémiges dardées,
vers l'Afrique elles entament leur transhumance.
« Cigogne, cigogne, t'as de la chance !
Tous les ans tu vas en France.
Cigogne, cigogne, apport'-nous
dans ton bec un p'tit pioupiou. »
disait la chanson au temps de l'occupation.
Ainsi chantait alors la jeune fille en fleur,
guettant pour le printemps suivant le grand bonheur
de voir d'un beau soldat français l'apparition.
N.G.
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