Les Vacances
Chaque année nous partions au mois d’août en vacances,
Deux jours à sillonner les beaux chemins de France,
Ses régions étendues de l’Est à l’Aquitaine,
Puis d’autres plus au Sud, outre-pyrénéennes.
Matin du premier jour : nous partions à l’aurore,
Entre nos mains, les cartes, en poche les passeports
Le coffre débordait de glacières, de valises,
Et les occupations entre nous rivalisent.
L’un termine son jeu, l’autre attaque un roman
Un troisième rêvasse, l’aîné est impatient.
Les petits dorment au fond, on les laisse rêver,
Il faut évidemment ne pas les réveiller.
On contourne Vesoul, on dépasse Monceau,
On file droit devant pour atteindre Bordeaux,
Dépassant Angoulême on voudrait voir Hendaye,
Ultime étape en France, dernier jour de grisaille.
De crépuscule clair en lever de soleil
Nous voyagions, gâtés de monts et de merveilles,
Nos grands yeux étonnés découvraient à tout âge
La splendeur des pays et leurs beaux paysages
En Espagne du nord et ses terres arides,
Nous ne tarissions plus, de vos réponses avides…
A quelle heure on arrive, c’est encore loin maman ?
Nous y serons bientôt, patience les enfants.
Nous voici au pays, encore quelques lacets,
A travers ces montagnes de pinèdes assoiffées,
Forêts d’eucalyptus et maquis de bruyères
Si votre cœur s’emballe, refermez les paupières,
A l’issue du voyage, au-delà des frontières,
Nous arrivions enfin tout au bord de la mer.
Je partais retrouver mes jumelles cousines,
Un mois de liberté très loin de vos usines.
Nous gambadions pieds nus, sur les chemins de terre,
Audacieuses enfants dans ces sentiers austères,
Curieuses aventurières, ne connaissant la peine,
Nous aimions nous laver à l’eau de la fontaine.
Nous allions à la plage, à pied, pleines d’entrain,
Nous partions en courant, nos serviettes à la main.
Tantôt de sable fin, de galets, de rocaille.
Tout l’été envahie de gens et de marmaille.
Mes charmantes cousines, que ne vous ai-je dit,
Combien votre amitié mon séjour embellit,
Lorsque je vous revois, quarante années plus tard,
Je replonge aussitôt dans ces années miroir.
Ce pays merveilleux est celui de nos Pères,
Etonnant amalgame de joie et de misère :
La pauvreté des êtres au fond n’avait d’égal,
Que l’immense bonté des gens du Portugal.
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Amitiés,
Maria
On ne recommence plus, mais se souvenir c'est presque recommencer. Charles Nodier