("Puberté" de MUNCH)
« GAMINE »
(chanson de Christian Ray)
Du rouge aux lèvres qui déborde, des yeux cerclés de noir,
Elle ne saute plus Ă la corde, cela depuis hier soir.
Dans la salle de bain, s’est vue nue dans la glace,
De ses petites mains, s’est crue pleine de grâce,
S’est caressée, s’est admirée,
Puis a souri, puis a rougi, puis a rêvé :
« Je suis une femme, jolie, belle et mignonne,
Comme les dames, faut que je me pomponne. »
Sur la pointe des pieds, elle s’est maquillée,
Elle s’est barbouillée, puis elle a rigolé
Comme la gamine, maligne, fragile, qu’elle est restée.
Le chemisier de sa grande sœur paraît être bien vide.
Sa jupe passe avec bonheur, puis elle se décide,
Elle essaye les bas qui glissent Ă merveille,
Elle Ă©tire les bras, monte sur ses orteils,
Rentre le ventre, cambre les reins,
Remplit un peu ses petits seins, puis rĂŞve encore :
« Je suis une femme, jolie belle est mignonne,
Comme les dames, faut que je me pomponne. »
Dans le creux de sa main met un peu de parfum,
Pense à tous les gamins qu’elle verra demain
Comme la gamine, maligne, fragile, qu’elle est restée.
Dehors les gamines l’appellent, le rêve est terminé.
Elle retire ses dentelles, les yeux enchagrinés,
Se lave le visage, puis repasse la porte
Et comme une enfant sage elle reprend sa corde,
Part en courant, l’air malheureux,
S’arrête près des amoureux, pense qu’un jour
Elle sera femme, jolie, belle et mignonne,
Comme les dames faudra qu’elle se pomponne.
Puis c’est dans un soupir qu’est venu un sourire
Comme la gamine, maligne, fragile, qu’elle est restée
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Christian RAY avec Michel Drucker et Patrice Laffont