Rayonnent deux soleils dans le ciel de ma vie,
Longtemps enténébré de la main du destin.
Quand l'un me prend la main vers la joie infinie,
L'autre de son sourire éclaire mon chemin.

Lorsque de sa fureur le vent glacial du nord
Fait chavirer mon cœur, frêle coque fêlée,
Je les hèle: ô sauveurs, loin des rivages d'or
De ce pays d'amour, l'amarre fort mêlée

De mon esquif en pleurs aux flots cruels livrée,
S'émiette et disparaît au gré des tourbillons,
Sifflements déchaînés sur la mer étirée
En typhons de soupirs, noyant les pavillons.

Ma bouteille S O S tient mon cri le plus âcre
Des déboires gravés sur l'épave des peurs
Ballotées par le flux, amoncelées à l'ancre
Qui sombre tristement au bas des profondeurs,

Eraflures à fleur de peau fleurant le dépit,
Le départ du soleil à l'éclipse de l'âge,
Et les amours perdues au combat sans répit
D'un esprit en détresse et d'un corps en otage.

Ô lueurs de clémence, inondez le désert
De l'abîme étouffant où s'engouffre mon être
De tresses de rosée pour ligoter l'enfer
Du roncier du destin où le chagrin vient paître.

Des ondées de fraîcheur de vos sources astrales
Reverdira le val de ce cœur desservi.
La fureur de survie fera lever les voiles
Sur l'île de l'espoir, quand le cap est franchi.

Khadija

Extrait de : Des airs d'elles
ISBN : 978-9954-30-749-6