Te souviens-tu des ipomées, leurs ailes bleues de mandolines ?
Nos soirées étaient douces, en attente de vent, et l’été sentait bon comme femme qui aime.
Au ruisseau je riais en voyant les truitelles ; leurs nageoires argentées louvoyaient en chantant. Les orties nous griffaient de leurs feuilles amères, mais nous courions joyeux, ignorant les piquants.
Le pommier. Sa tente verte, le tronc noueux, et nos rires toujours. Quand la nuit chuchotait jusqu’au cœur des étoiles, le parfum des fruits mûrs nous guidait vers nos lits.
Il y avait la charpente, tous ces sons de la terre, les outils d’autrefois, et le jardin déjà qui bousculait le temps.
Le granit de l’enfance, et les pierres moussues. Nous avions oublié le béton et les autres. Seuls, comme nus, nous vivions en Éden.
Terrassé au zénith, quelque gros hanneton titubait de bonheur. Les grillons essoufflés, que nous tutions de paille, dévoraient nos salades et déchiraient le soir.
Et les murets d’antan, façonnés de labeur…Bienveillance des ancêtres. Au hameau le lavoir résonnait, cendres gaies des battoirs envolées dans l’Autan.
Les phalènes caressaient le taffetas des nuits ; au matin glorieux, la buse criait victoire.
Nous étions les voleurs de lumière.
Sabine Aussenac
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Lou, aux nuits rossignol...