L'ETE AU LAC MAJEUR
Au débouché du val, un souffle de douceur !
Belle et coite, dort la flaque du Lac Majeur,
Onde miroitante réverbérant les cieux,
S'écoulant des Alpes aux rudes fronts neigeux.
Nul gris taciturne, mais la gaîté éclate,
Livrant à l'oeil ravi l'exubérance intacte
De villas, de parcs, de luxuriants parterres.
L'originel jardin s'est invité sur terre !
Ses trois îles posées sur l'eau d'un bleu profond
Y nichent leurs joyaux comme un céleste don,
Inspirant les muses d'artistes captivés
Qui surent les louer de leur art sublimé :
Sur l'Isola Bella, bijou serti de fleurs,
La chaleur de l'été noie toutes les rumeurs.
Le fronton du palais dresse ses murs recrus,
Y mettant la grâce de pensives statues.
Les proches frondaisons recèlent en leur écrin
Des paons blancs vaniteux, et les envols divins
De perruches pressées, flammèches bleu et or,
Voletant de concert, toutes plumes dehors.
L'Isola Madre montre un fouillis de verdure
Où les camélias fichent corolles pures.
Sentinelles raides, vigile en ciel de braise,
Penchent vers les chemins, les hampes d'aloès.
Dans l'Ile des Pêcheurs, gracieuse roturière,
Dégringolent les murs qui longent les ornières
De ruelles sombres où l'habitant s'endort
Au coeur de l'ombre fraîche, et s'accotent au port.
Et comme chaque soir, courant en vague épaisse,
L'orage dantesque lâche une eau vengeresse
Que le jour oppressé a prise en sa moiteur,
Puis change sa colère en subtile langueur.
Et s'annonce la nuit. Sous le ciel constellé
Bat un menu ressac qu'un vent a fait lever,
Berçant une barque captive aux flots profonds,
Mise à la rambarde de pierre du ponton.
Tout au long des golfes, pulsent en anses noires
Enrubannés de l'air qui embaume le soir,
Les ors dédoublés des villages assoupis,
Alors, le lac exhale une brume alanguie.
N.G.
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