Soir d’hiver
Noir. On a renversé l’encre sur une toile.
Sombre. Car on a voilé nos yeux pour ne plus voir.
Infini. Car on ne pourra voir son éclat.
Beau. C’est la vie incarnée dans l’anonymat.
L’artiste maladroit voyant sa chère toile
Rendue inutilisable par un tel voile,
Désire l’exploiter, créer un nouvel art.
Il prend son pinceau avant qu’il ne soit trop tard.
Il joue, il colore, il accommode et il teinte
Tout ce noir de belles couleurs, l’habile peintre !
Et quand il fait cesser la valse des pinceaux,
On admire un ciel nocturne des plus beaux !
Un noir profond piqueté de blanches étoiles,
Coloré ça et là de quelques taches pâles
Qui vous parlent de galaxies ou de nuages,
De gaz ou de lumière, nous rendant un hommage.
L’ensemble est d’une harmonie parfaite. Sa beauté,
Pour de si faibles yeux, submerge tous les coeurs.
C’est pourquoi nous voulons, chaque nuit, à toute heure,
Voir ton infinité, ô toi l’Eternité !
Gautier