Un pont se dévoilait à nos yeux en illusion
Quand libre de nos mouvements nous nagions ;
Laissant dériver nos corps sur les nymphéas
Au milieu de nulle part, aujourd’hui et autrefois
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Le fleuve dans sa robe de printemps
S’écoulait comme d’une veine
Et nous regardions sans peine
Avec quelle volupté passait le temps
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C’est lorsque nos yeux se croisaient
Dans le reflet vide de l’eau
Que tout autour de nous s’arrêtait
Que de nos bouches ne sortait plus un mot
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Alors un silence laissait place
A l’ébullition de nos cœurs
Qui sont de ces palaces
Que l'on habite avec ferveur
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Puis le baiser langoureux de nos âmes,
Le sang cessant en nous de couler ;
C’était comme si la nature polygame
Commençait à nous offrir son éternité !
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Contre l’étincelle du désir
Dans nos pupilles de saphir
S’appropriant la force de nos plaisirs
Par la douce brise de zéphyr
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Jalousant presque l'infinie beauté
De nos lèvres précipitamment rapprochées ;
Et quand les flammes de la passion
Brûlèrent nos corps à l’unisson,
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La nature qui si longtemps nous avait
Fait profiter de ses multiples vertus,
Vit dans cette trahison un tel excès
Qu’il plut.
M.D.
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Le triomphe de l'autosatisfaction.
Le sens des mots anesthésié par l'usage ordinaire que l'on en fait.
La perte du sens est la triste soeur de la vacuité.
Assassins de la poésie.
Elupia Byhr