Plume de soie Inscrit le: 24/11/2012 De: |
L'homme de ma vie Il est dur, cependant doux, comme si était doublée d'hermine la bure de son âme, Il est mon homme, venu des profondes nuits et de l'acier des barreaux de justice; il fut jadis galérien, bagnard, la glèbe ne pu noircir ses mains que je vois, dans la pénombre voler vers mes seins ainsi que des gerfauts.
Mon homme parle avec gravité comme les mages antiques : sa parole est dure et prenante, enveloppante comme un manteau, nerveuse et douce comme la main d'un voleur : car ses mains me parlent encore quand a cessé sa bouche de faire étinceler les proférations qui me laissent songeuse et mouillée...
Dans la nuit, il vient, me parle encore, déclame des formules magiques et des incantations et le prodige a lieu : ma peau de femme se couvre de soie, mes jambes se tendent de nylon, mon corps chaloupe : il est l'Orphée qui fait danser mon corps près des calmes ruisseaux nocturnes; dans les clairières, parmi les ronds de fées... Et près de la licorne au pelage de lune, grâce à mon homme, qui me tient agrippée par les reins, je file comme le vent, sur mes pieds nu que nul cailloux ne viendra blesser...
Dans la nuit, mon homme apparaît, comme sur les joues lisses des madones viennent sinuer l'huile des larmes que recueillent les paysannes aux mains noueuses...
Dans la nuit, mon homme semble naître du cri de louve que je pousse et fleurissent, sur mes seins, mes fesses qu'il adore, les baisers en boutons de sa bouche de faune; il fait de mon corps un printemps étrange ; une moisson de crépuscule !
Des oiseaux de printemps éclatent dans le ciel tapissé d'astres en mille cris aigus : ils sont cristaux, éclats de givre, roses cassées par l'hiver : chant d'ange ; chœur de Démons (démons de gouttières; qui rampent le longs des rigoles; démon chèvre-pieds, bandant dur et dont la queue brûlante semble, dans l'air noir grésiller !)
Et je vole ! Guidant mon aile, aidant mon vol maladroit, mon homme m'entraîne dans le noir et rouge azur des rêves; nous dansons parmi les comètes folles, Il connait tous les sentiers du ciel et du temple des ancien dieux, il m'emporte en fouler le parvis de lait qui gicle dans les claires nuits de l'été!
J'aime de lui les silences dont il me fouette; les mots d'enfant qui viennent danser dans mon jardin noyé de pluie et sa bouche velue et son âme qui bande... Et de me faire, chaque nuit, sa compagne, sa sœur-épouse, son amante et son salut...
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