LA VIE
Qu'est ce donc qu'une vie ? Détail imperceptible
Au regard d'un long temps, au regard d'aires vastes ?
Une égratignure qui se croirait tangible ?
Un frêle événement qu'un friselis dévaste ?
Quelle trace l'humain espère-t-il laisser ?
Une menue rumeur, une posthume gloire
Que la mémoire en vain tentera de garder
Pour périr ensuite en futur aléatoire ?
Qu'est-ce donc que l'amour qui ébranle son pion
D'un frisson de passion, marionnette qu'il pend
Avant de s'affadir en vague crispation
En ne laissant au corps qu'un ressac indolent ?
Et que seront nos fils, d'une espèce malingre
En ses gènes gardant les accrocs du passé,
Au déroulé du temps et vouée à s'éteindre
Sur la terre en sursis cernée d'immensité ?
Puisqu'une lente errance il va me falloir suivre,
Insipide et pâle, j'emprunterai le cours
D'un programmé destin où je finirai ivre
Frêle et pitoyable le restant de mes jours.
Et le temps révolu verra naître l'espoir,
Peur de la mort si propre aux hommes d'ici-bas,
De ce futur radieux la croyance illusoire
Qui s'acharne à prêter la vie dans l'au-delà .
N.G.