PISTACHIER ENSOMMEILLÉ
Sur un coteau caillouteux,
Dort sur pied un énorme pistachier,
Défeuillé, le vent le peigne à sec,
La nuit, la gelée darde ses parties intimes.
Le livide soleil d’hiver,
Dissimule sa gêne,
Telle fleur de tournesol, éhontée, baisse son regard,
Et son haleine éteinte n’y peut rien.
Ses bras et doigts blancs
Se rétrécissent et, timides, se rétractent,
Cherchent à se lover
Dans des ventricules de coton.
Ô Pistachier, ta nudité me transit,
J’entrevois ta sève se figer à fleur de membrane,
Ton silence tumultueux en sourdine
Arrête le tic tac du balancier du temps.
Mais ta souche s’enfournera dans l’œil du cycle
Qui mène les autres saisons en farandole,
En été, tu dissimuleras sous ta cape verte tes grappes roses,
Et dans la fente de chaque coque voilée, je verrai gonfler ton fruit.