Une prière
Au silence de la montagne
J’ai posé la première pierre
Entre les neiges à mi-pente
Et les fûts droits des arbres nus.
Sur les frontières de l’hiver
La source seule en goutte à goutte
Scandait les gestes qu’alourdit
L’épaisseur de la terre noire.
De mes mains pour asseoir mon rêve
Entre ces nuits, sans retenue
Les chaos d’éboulis sans trêve
Au fil des saisons et des mois
Du travail à perte de jours.
Tant de passions auront fané
Mon rêve enfin aura pris corps
Force d’amour aura poussé.
S’élance vers les cieux sombres
Maintenant la première voute
Sculptée de fraidonite sombre
Lentement cheminée par route.
J’entends de loin chaque charroi
Cercles ferrés dans les ornières
Chevaux suant menant l’émoi
Bruyant d’une voix éphémère.
Aux champs de landes en chantier
Un à un viendront les frères
Peu à peu prenant le relais
Du fondateur de monastère.
Murs à murs dans la brume épaisse
L’édifice sortira de terre
Fantôme de rêve ébauché
Au désert rose de bruyère.
Et je vois maintenant le soir
L’intrados ouvert sur la combe
Où je reposerai bientôt
Au repos calme d’une tombe.
En attendant genou en terre
Je pose la deuxième pierre
Quand mon rêve sera fini
Terminée sera ma prière.
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Cultivez votre amour de la nature, car c'est la seule façon de mieux comprendre l'art! (Vincent Van Gogh)