LA LIGNE BLEUE DES VOSGES
Un silence feutré, brumeux et verglacé
Emmaillote le val de sa grisaille ouatée.
Les monts vers l'horizon, à reculons s'étagent
Comme le dos laineux des troupeaux de l'alpage,
Délayés peu à peu de subtils dégradés,
Telles ces images par le temps délavées.
Du village où le givre fleurit aux fenêtres,
Une aurore je vois s'épuisant à renaître,
Oser la pureté d'une lueur timide,
Allumer les cristaux d'une étincelle humide,
Remonter les pentes et les abruptes sentes
Dont hiberne la vie de sa torpeur dolente.
Sur la chevelure des grands ballons glacés,
Noires sapinières de candeur saupoudrées,
C'est un pâle œil d'azur qui s'entrouvre soudain
Dans des limbes pures en leurs reflets d'étain.
La neige s'éveille dans une apothéose,
Joue vierge qui se teint d'un impudique rose.
Comme cette prunelle illuminant la terre,
La Muse du poète lui ouvre la paupière
Aux beautés du monde gardé des bruits futiles,
Afin qu'un sublime art dans ses vers il instille.
N.G.
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