DESTIN D'HOMME
C'est l'homme, impétueux en ses jeunes printemps !
Son corps d'airain poli suit ses entêtements.
Son cœur fleurit d'amour en quête de son Graal,
Certitude puisée à sa fougue virginale !
Et, brûlant de ferveur, d'une femme il s'éprend,
En fait une déesse, envoûté puissamment,
La berce gravement, de subtile passion,
Enivre sa chair de barbares soumissions.
Mais le rêve est stérile et le temps est amer,
Qui le force à grandir, à se muer en père.
Assassiné l'amour, tuée la plénitude.
Voici venir rancoeurs et mornes turpitudes,
Est tarie la tendresse et s'est perdu l'espoir.
L'aube triomphante s'est barbouillée de noir.
Clairvoyant aveugle aux ténébreuses prunelles,
Comme la lune unie, mais désespérant d'elle,
A sa terre, d'un lien sombre, effrayant et rude,
En lancinantes quêtes, il noie sa solitude,
Voit son nocturne hymen spolié le matin,
Et dans l'obscurité, attend un lendemain.
Alors, morgue et fureur assombrissent son Å“il.
Léchant sa blessure, en geste pétri d'orgueil
Il rejette ce lien, cruel d'indifférence
Pour sa muse déchue. Fuyant la dépendance
Dont il s'est tant repu tel qu'au sein de sa mère,
Il ampute son coeur au fil du cimeterre.
Intrépide et confiant, il cherche un Nouveau Monde
Où les jours seraient clairs, et les amours fécondes.
Bercé d'espoir, il prend son vol à tire-d'ailes
Et peu lui chaut dès lors de se brûler les ailes,
Tant il faut sacrifier sur l'autel de la vie,
Roide et dure fierté, cravachant l'âme hardie.
N.G.