MON SIAMOIS
Son oeil opalescent d'azur crépusculaire
Se pose sur sa proie qui cherchait aventure.
La sidérant, captive à son regard lunaire,
Il l'occit d'une dent impitoyable et sûre,
De retour au matin de sa nocturne ronde
Longeant les gouttières malgré noble extraction,
D'un impérieux appel, il convoque son monde,
Met son maître aux ordres, donne ses instructions.
Fauve à la superbe de matou négligé
Il lustre un poil froissé d'une langue distraite,
Mais son rauque phrasé savamment nuancé
Affecte élégance et classe plus que parfaites,
Et se clôt son œil bleu. Au coussin de velours
Il dispose avec art pattes et nez café.
Un fin ronronnement le fait vrombir d'amour,
Privilège insigne qu'il daigne m'accorder.
Le sphinx s'est endormi, benoît en son royaume...
Mais, que tinte un bruit, et son rein électrique,
Tressaute de folie, pantelant sous ma paume.
Le regard effaré, tous les sens en panique,
Mon tendre siamois, tel un chaton perdu
De l'homme ce traître, exutoire séculaire,
Cherchant le réconfort de ma paume tendue,
Eperdu, se rassure à l'appui tutélaire.
N.G.