Dans ce lieu devenu sacré
Je suis un vieil habitué
J’ai mon café noir, sucré
Et plein de temps Ă tuer
Cigarette pendant aux lèvres
Les yeux rivés sur la grille
Un mot synonyme de havre ?
Paradis, c’est dans le mille !
Le temps s’étire nonchalant
Dès potron-minet, les clients défilent
Bahmad, le garçon, a de l’allant
Et les commandes variées s’enfilent
Café cassé pour les stressés
Thé fort ou sucré à la menthe
Jus d’oranges bien pressées
Ou carrément une absinthe
Les mendiants y sont légion
Vieux, jeunes, femmes et enfants
Y affluent de toutes les régions
Filous, sincères, bons et méchants
Qu’il y ait du soleil ou de la pluie
Le café est toujours aussi animé
Discussions, invectives, rires et bruit
Ambiance assurée, avec cris et fumée !
Les journaux passent de main Ă main
Les nouvelles de la veille et du matin
Sont commentées par chacun
Et les discussions vont bon train !
On malmène le gouvernement
On le moque méchamment
On traite les ministres de tous les noms
Sans exception ni ménagement
A la terrasse on reluque les passantes
Fessues, ventrues, en jupe ou bretelles
Tennis quotidien sans aucune honte
Aucune n’échappe aux regards mortels
Les jours de match c’est la ruée
Tôt, les tables sont réservées
Les adversaires insultés et hués
Pour les fans, c’est le signe V !
Rouges ou verts, Barça ou Réal,
Chaque camp a ses idoles
Ses stars, ses chants, son idéal
C’est la magie du football !
Comme il peut, Bahmad se démène
Rapide, gentil, souriant, il sert
Même fatigué, il reste amène
Fredonnant toujours le mĂŞme air !
Le café, cette escale quotidienne
Dont le décor vaut toutes les scènes
Lieu de discussions âpres ou sereines,
Qui, parfois, se transforme en arène !
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Marrakech, le 2 juin 2013
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Pouvoir, c'est vouloir