Feu d'artifice


Au firmament d'été, noir d'encre sépulcrale,
S'épanouit soudain la délicate gerbe,
Candide inflorescence au panache superbe,
Naissance que salue canonnade royale.

Et de cette éclosion de folles étincelles,
L'ombelle se dilate en détente brutale,
Etrange avènement d'une essence florale
Qui sur sa tige naît d'un soupir puis chancelle.

Un vent d'outre-tombe se parsème d'or pur.
Aux nuées fumantes, aux profondeurs des gouffres,
En plaintive clameur d'un âcre goût de soufre,
Une pensive ondée délie sa chevelure.

La mitraille crache et détonne frénétique,
Déversant vif-argent, rouge sang, bleu de France,
Puis en chuintement, du feu la luxuriance
Eclot en rose indien puis en vert électrique,

De son halètement, fébrile et courroucée,
Dégorge dans la nuit son voile qui pétille,
Et puis déploie sa traîne où l'on voit qui scintille
La centaine d'astres d'un factice empyrée.

La foule s'est blottie au long des fraîches berges,
D'un silence ravi palpite à l'unisson,
Et son cœur en apnée boit lumières et sons
D'un unique regard que l'émotion submerge.

C'est fini ! Un instant d'attentive stupeur,
Et le ravissement la fait battre des mains,
Puis la liesse éclate. Insouciant jusqu'à demain,
On rira, dansera, sans compter son bonheur.


N.G.

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