LE VIEUX FORT
Au cœur de ses douves, le vieux fort déserté
Se recueille sans bruit sous les voûtes pensives
Où la pénombre amie des bouleaux sur les rives
Vole aux lèvres des fleurs un souffle parfumé,
Où de son dos moussu, la carpe centenaire
Ride l'obscur miroir serti de berges creuses,
Où la libellule de son aile nerveuse,
Dessine dans l'azur un chemin de lumière.
Le reflet des vieux murs s'ébroue dans un soupir.
Prise au fond des âges, c'est une voix profonde
Murmurant aux roseaux que répercute l'onde
Aux fantômes reclus dans leur humide empire.
Sous la lune ronde, le jour touche à la nuit,
Et dans le soir qui tombe une âme s'est enfuie.
N.G.
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