LA RONDE DES PRISONNIERS de Van Gogh
Ils tournent ces hommes, tels des loups, tels des hyènes.
Leurs regards sont rentrés sur l'éclat de leurs haines.
Ils se grognent des mots de grossières canailles,
Désespoir exsudé qu'absorbent les murailles.
Et lorsque dans ce trou tombe le blanc soleil,
Leur échine est ployée par le froid appareil,
Son nécrosant poison instillé dans leurs veines
Les faisant remâcher leur hargne dure et vaine.
Gris est leur univers à ces pavés réduit.
Ils sont au purgatoire, en sinistre réduit
Où ne croît nulle fleur, un creux monde de pierre
De minérale horreur, jusqu'à l'heure dernière.
Quelques édiles pieux d'un œil clinique observent
Ces malheureux forçats, et le gardien en verve,
Fait valoir sa fonction de civile vertu
Secrétée pour garder ces déchets, ces rebuts.
L'ombre et la lumière, le monde carcéral
Où la vie sans couleur se réduit à un râle,
Le souvenir amer d'une propre expérience
Qui en dépeint la peur, le vide et le silence,
Par son génie Van Gogh en fait hurler la toile :
Un cercle refermé sur un ciel sans étoile,
Sur un froid sépulcral sans chaleur du dehors,
Autant de souvenirs, autant de rêves morts.
N.G.
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