Dans les ruines de Timgad
Vestige minéral d'empire glorieux,
L'antique Timgad gît seule, oubliée des dieux.
L'écrin des garrigues clôt des murs formidables
L'élégante roideur, pensive, indéchiffrable.
Le pavement disjoint de la voie de Lambèse
Mène au cœur de la ville ensablée des Aurès
Par le pertuis géant d'une arche triomphale
Qui glorifie Trajan, le mécène impérial.
Nos pas sonores aux ornières des chaussées,
Sillons millénaires que les chars ont tracés,
De loin en loin portés, d'un écho se répondent,
Survolant des champs secs la chevelure blonde.
Les cigales crissent dans le forum désert.
Les gradins incurvés du creux cirque de pierre
Ne retentissent plus de feulements aigus,
Ni de huée féroce accablant le vaincu.
Emus, nous arpentons les rues croisées d'équerre.
Ici, dans les ruines des villas se mêlèrent
Sangs numide et romain en féconde alchimie
Qu'attestent sur les murs d'éloquents graffitis.
Une mosaïque, sous des reliefs poudreux
Luit d'un fin sourire en visage gracieux,
Et des époux défunts la stèle funéraire
Dévoile au visiteur leur effigie de pierre.
Mais la mélancolie saisit le promeneur.
Emanée du passé, cette morte splendeur
N'est plus que l'écume d'une épopée lointaine,
Et le reflet éteint de Rome souveraine.
Ainsi se délitent les civilisations,
Et leur haute industrie n'est plus que dérision
Aux yeux des descendants, héritiers oublieux
En bâtissant d'autres, révérant d'autres dieux.
N.G.
----------------
recueils de mes poèmes disponibles : Cliquez sur les liens ci-dessous
https://www.edilivre.com/la-dechirure-des-jours-nicole-ride.html
http://www.edilivre.com/comme-une-plume-au-vent-nicole-ride.html
ou bien FNAC / Amazon