Plume d'or Inscrit le: 9/5/2007 De: ALGERIE |
BOUFARIK J’ai en mon cœur la ville de ma tendre enfance La ville où l’orange était un emblème brandi, De la mielleuse « Zalabia » et du souk du lundi Où marchands de tout part trouvaient pitance  On sentait flotter dans les ruelles planes, Les généreux parfums des champs environnants Dans la rue des Arabes qui garda son nom D’antan, cafés et étals s’ombraient de platanes  Ces arbres puissants qui se murmurent encore Nos éclats de joie ou appels aux batailles Et leurs troncs fustigent telles des médailles Nos gravures idylliques et nos liens du sort  J’entends encore le rythme merveilleux Des fêtes des oranges ou la liberté Et je revois toujours les costumes bleutés Des scouts défilant, les sourires radieux
La « Fouara », symbole de la ville et repère Depuis qu’on érigea de Blondeau, la stèle Changée en fontaine que centrait une belle Sculpture mémoire aux dons de cette terre  Sur les pelouses bordant la grande mosquée, J’ai tant joué aux cartes, au foot ou à cache-cache Tandis que les grands avaient pour délicieuse tâche De se dorer sur les bancs ou parfois piqueniquer  Deux petites chapelles à côté, comme pour dire Toutes cloches tonnantes, la réelle splendeur Et la bonté de Dieu quand les esprits et les cœurs Se côtoient et communient pour un suprême désir  Certes ! Fanatisme, en ce temps innocent, S’élevait des tribunes, jamais des minarets Et les seuls êtres clamés et nommés : égarés Ce sont ceux dont le vin avait noyé le sang
Au sein du grand parc, la fanfare municipale Egayait les promeneurs en chants et mélodies Et pour compléter la scène de ce beau paradis Des ramages alternaient flûtes et cymbales  Je me souviens aussi des cafés populaires, Des palmiers qui longent les artères béantes, Oued Mimoun avec ses eaux transparentes Où se mêlaient potins et rites de sorcières,  Des salles obscures où nos rêves se libéraient Du centre culturel, et le spacieux Colisée Où comédiens célèbres ont tant ironisé Et tant de chanteurs nous ont fait délirer  Hélas ! De ma ville, disparut tout ce que j’aime ; Démolis, oubliés, salis ou déformés Qu’aujourd’hui aux souvenirs de ma ville aimée, Mon cœur, nostalgique, pleura ce poème
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