AILLEURS
Quand nous partons joyeux vers d'ailleurs chimériques,
Dans nos fontes le rêve, à nos lèvres la fleur,
Notre cœur conquérant, d'une avide ferveur,
A l'oracle fait dire un futur idyllique.
Et, comme le coursier que fouette le sort,
Nous fuyons de nos vies les sinistres querelles,
De nos tristes berceaux l'horreur originelle
Ou d'un bourreau pervers le cri qui perce encore.
Mais pour toute Amérique, un cloaque malsain
Pour tout eldorado, une coulée de plomb,
La nymphe Calypso en catin de bas-fonds,
D'Atlantide rêvée, l'îlot désert et vain,
Nous trouverons encor. L'oeil enfin dessillé,
En renouant des jours le fil interrompu
Qui, ténu, s'agrippait à des espoirs rompus,
Dans nos pleurs nous verrons sourire vaciller!
N.G.