UN HOMME
Sur son torse massif se pavane insolente
La brute loi du fauve aux poses indolentes
Qui règne en la savane aux arides paysages
Délivrant de la peur les affolants présages.
Il n'est plus pur soleil qui réchauffe ou qui glace
Que son regard étrange aux sourds éclats fugaces,
Pareil aux pâles soirs lorsque l'astre rougeoie
Noyant du jour défunt les peines ou les joies.
Le teint de sa prunelle et sa fixe lumière
Tel un soupir ocré sur une aride terre,
Fait courir sur l'échine une attente craintive
Et vaciller le ciel de torrides dérives.
Comme au vent du désert aux étranges parfums
Exhalant sa fournaise, Ã son corps blanc et brun,
Sa rêche chevelure aux effluves sauvages,
Tourbillonnent les sens en leur touffeur d'orage.
Quand il va caressant de sa main noble et belle
Une peau assoiffée soumise à sa tutelle
C'est sa garde baissée sur la proie haletante
Qui d'obscure passion l'entraîne en sa tourmente.
Et quand son flanc s'allonge en la secrète couche,
Que sa lèvre invite aux douceurs de sa bouche,
Initiant un voyage où le rêve appareille,
La joie décoche au cœur une flèche vermeille.
N.G.