L'OEIL DESENCHANTE


Pour qui n'a plus de vie que par sa résilience
Jadis se glorifiant d'être ce tabernacle
De l'amante ferveur le pieux réceptacle,
Reste pour seul alcool une verte insolence.

S'agaceront les dents des reliefs faméliques
D'un acerbe festin à l'hypocrite loi,
Des miettes accordées par qui n'aime que soi
En l'égoïsme étroit des geôles domestiques.

Hélas, l'ardent creuset du flamboyant amour
Ne sait magnifier du feu sacré l'aurore.
Il est la clef ouvrant la boîte de Pandore
Qui travestit en noir la foi des premiers jours.

Et pèse le regard de l'oeil désenchanté,
Ce voyeur à l'affût dont l'effrayant sourcil,
Désespérant censeur des rêves inutiles,
Juge et honnit cet être aux ailes repliées.

N.G.