Sous l'ombre de mon ami
Quand, en moi, meurt une étoile
Et je veux l'enterrer sans trop de décombres
Dans mon cœur aux autres couvert d'un voile
Et j'ai le blues de décembre
Je t'appelle, fossoyeur à qui tout je dévoile
Mes portes sont ouvertes, me rassure ton ombre
Quand le poids très pesant de la vie
Se fait de trop et trop sentir
Quand le cœur de son chemin dévie
Et s'érige, puissant, le verbe mentir
Je sens cette éternelle envie
De venir, et sur ton autel, tout démentir
Quand me quitte le goût du beau
Et ma plume essoufflée devient boiteuse
S'ouvre devant mon vers esseulé le tombeau
Et je sens me démanger le besoin d'une note heureuse
J'attends Apollinaire pour chanter le pont Mirabeau
Et mon bateau mouche ne craint de routes sinueuses
Quand je manque d'odorat pour le parfum
De la vie, des enfants et des femmes
Et tu sais combien j'aime le parfum du matin
Seuls me libèrent de mes larmes tes "je t'aime"
Toi, nectar des nectars, clé de ma main
Médecin ami, et même plus, pour mon âme
Quand, sur mon vaste désert, ne passe la pluie
Et que, plus sec que moi, il n'y en a point
De loin, ta source intarissable m'appelle, me luit
Et sont doucement pluvieux mes mai et juin
Je revois, ému, se remplir mes puits
Pour de la fraîcheur amie et une soif en moins
Et je sais qu'une voix et tu viendras très vite
Surchargé de tout ton pouvoir de soins
Comme sortant d'un bon vieux mythe
Pressé pour moi, faisant fi de tes propres besoins
Car tu es mon beau don de dieu, mon gite
Quand, endolori, me menacent même les petits moins