Octobre des moissons
***
Ils moissonnent en juin, pas moi
Car j'ai ma propre moisson
Et j'ai mon propre mois
Eux ont du blé et moi, ma poisson
***
Ils moissonnent leurs épis
Je cueille juste une seule fleur
Eux jaloux, ils s'épient
Moi, je me régale le cœur
***
Ils calculent, ils comptent
Et pensent aux années des disettes
Moi, je ne suis que décomptes
Ils s'embêtent, je ne m'embête
***
J'attends le différent
J'attends le doux jus du beau
Ils pensent au passager sans rang
Pour eux une banque, pour moi Rimbaud
***
J'aperçois une belle âme
Ils ne voient que repas et pommes
Mon octobre est une femme
Dans ma tragique solitude d'homme
***
Et je la sens fines caresses
Propos qui éveillent à la vie
Prières longues et qui ne cessent
Et une douce envie chasse une envie
***
Je chante l'Amour quand pointe Octobre
Ils discutent opulence et plaisir du corps
Je me vois élevé, jeûneur et sobre
Car me hèle un meilleur sort
***
Bienvenue ma joie, bienvenue Octobre!