Et il a osé! ou plaidoyer pour le poète
A Ahmed el Arabi, Ã Sire Mahmoud Derwich
Et il a osé te dire cette bête aberration!
Médiocre est parfois le café du matin
Bonne est souvent la naturelle sélection
Il y a toujours en poésie un ego atteint
Quand le verbe est nul et n'a de fonction
Sire Mahmoud n'a émis que des perles
Et on lui reproche ses rares diamants!
Pour lui ont chanté rossignols et merles
Lui absent, la rime a perdu son amant
Pour bien l'applaudir, les vagues déferlent
Sire Mahmoud est un bon Ahmed el Arabi
Ne peut jaser le grand amoureux de sa mère
N'égalent l'encensoir tous les petits fourbis
Lui et ses amis ont su nous régaler de l'amer
Il est le bon pâtre, les autres sont ses brebis
S'en vont les bulles d'air et ne reste que l'eau
Sire Mahmoud est une très grande rivière
Plein d'autres sont en bas mais volent haut
On se croit sur gazon, on est sur une civière
Le beau sonne juste et le laid sonne faux
Ne peut cacher la luisance du soleil que le fou
Ne doit entacher le beau exquis que le laid
Le nullard pète ici et là et le comble s'en fout
La folie bête lui fait dégueuler ce qui lui plait
J'ai tant admiré la musique fière de son frou-frou
Sois bénie, mort, devant le laid tu l'as éclipsé
Ne peut supporter ces miasmes Sire Mahmoud!
Épuisé par la lutte et par la médiocrité épuisé
Deux morts qui lui garantissent "el khouloud"*
Le respect des grands ne coûte peu ou assez!
* "el khouloud": terme en arabe qui signifie l'éternité, la postérité pour le poète