Alzheimer
Sagement alitée
Ces cheveux argentés
Un peu désordonnés
Elle fixe la fenêtre embuée.
Son esprit la quitte
Elle vit dans son passé,
Ses yeux délavés
N’ont plus qu’une seule idée
Pouvoir s’évader.
Elle ne sait pas, elle ne sait plus
Ni le jour, ni l’année
Elle attend sagement alitée
Retrouver son mari,
Depuis si longtemps isolée
Elle ne sait plus oĂą elle est
Elle ne sait plus qui elle est.
Enfermée pour son bien ?
La maladie a gagné du terrain
Elle ne sait pas, elle ne sait plus
Son esprit se révolte
Comme un papillon emprisonné
Dans une dernière révolte
La voilĂ maintenant,
Le nez appuyé au carreau grillagé,
N’ayant que d’autre occupation
Que de guetter quelques moineaux effrontés
Du parc avoisinant,
Ce « pavillon » très privé !
Montent des chants d’enfants
S’extasiant doucement, elle appelle…
Croyant entendre les siens !
Vieille dame décharnée
Ne sait pas, ne sait plus
Ni le jour, ni l’année
Ne l’entend-on pas murmurer
À longueur de journée
Ces mêmes litanies du passé ?
Cette famille qui vient la visiter
Elle les a oubliés,
Elle est fatiguée, si fatiguée
Pauvre femme enfermée
Il n’y aucun moyen de s’échapper
De cette cage dorée
De son esprit cloîtré,
La mort, seule saura la délivrer
Et ça, elle le sait…
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Carpe Diem