La mer et moi
Comme toi, oh mer!
J'ai des secrets
Et je broie l'amer
Sans arrêt
Peu satisfait de la terre
Et de ses prés
Tu as le bleu du ciel
J'ai le bleu de l'ignorance
Épris de l'essentiel
Trompé par les sens
Et une vérité partielle
Me convient "immense"
Tu es profond
Et je suis obscur
Je me morfonds
De trouver des cures
Dans les tréfonds
Purs et impurs
Tu sembles insensible
Et je ris et pleure
Selon le climat des jours
Tes peines sont inaudibles
Elles naissent quand elles meurent
Mes peines passent et sont de retour
Oh mer, tu vois mes peines
Je lis tes muets poèmes
Je me gêne, tu ne te gênes
Comme l'ami d'une femme
Me menace la géhenne
Au fond, c'est toi que j'aime!
Tu es mon miroir taciturne
Je suis ton sosie, je poétise
Les soucis nocturnes et diurnes
Et parfois mes petites bêtises
On me croit venant de Saturne
On redonne vie à ce qui s'enlise
Je file ma laine
Tu files tes vagues
Ma gerbe est pleine
Tu divagues, je divague
La nature est humaine
Et nos propos sont vagues
Tu voyages et je voyage
Sur nous deux on glisse
Rien de toi ne se dégage
Se fatiguent ma pupille et mon iris
Se plie ma page
Tu restes témoin des vertus et vices