Passants qui me voyez, je ne suis qu'une feuille
Hier j'étais bourgeon me voilà à vos pieds
Pareille à ce nectar que l'abeille recueille,
Je voudrais être à vous et vous faire rêver.

J'ai sur ma peau ridée du soleil les caresses,
Je brille encore un peu des pluies du mois d'avril
Et si sur mes sillons un peu d'été paresse
C'est pour des jours passés ne pas perdre le fil.

Ne soyez pas surpris si je frémis, je tremble
C'est juste un peu de vent qui m'agite le cœur
Celui venu d'autan qui appelle et rassemble
Des chansons inconnues et des parfums d'ailleurs.

J'aimerais tant sentir la chaleur de l'automne
Réapparue pour moi au creux de votre main
Alors comme une fée qui s'offre et puis se donne
Je referai pour vous les rayons du matin.

Et je mettrai de l’or là où n'était que terre,
Des pépites glanées au parcours des saisons,
Je vous raconterai des arbres les mystères
Pour que vous y trouviez les fruits de vos passions.

Puisque je dois partir, que je m'en aille heureuse
Avec vos quelques mots pour me dire merci,
Comme un enfant joyeux qu'endort une berceuse
J'attendrai de l'hiver peut-être un paradis.