Je cours, je cours.
Je n’ai que quatorze ans,
Je cours, je cours, comme les grands,
Je ne sais pas pourquoi,
Mais c’est surement important.
Je cours pour faire pareil,
Comme les humains en costar,
Je cours et le soleil,
DĂ©verse, ses rayons blafards.
Je n’ai que trente-cinq ans,
Je cours, je cours, par tous les temps,
Je ne sais toujours pas,
A quoi cela me servira.
J’ai un boulot génial,
Une entreprise lucrative,
Je cours dans le scandale,
Des jalousies maladives.
Je n’ai que cinquante ans,
Je cours, je cours, péniblement,
Ma femme s’est fait la malle,
De mes absences matrimoniales.
Je vis dans un appart’,
En plein cœur de la capitale,
Le soir dans mes Carpates,
Mon ennui devient abyssal.
Je n’ai que soixante ans,
Je cours, je cours, moins lestement,
Ma retraite sera belle,
Sous le soleil d’un autre ciel.
Mais je sens comme un vide,
Au fond de mon âme fatiguée,
J’ai le teint livide,
L’argent ne pas arrangé.
BientĂ´t soixante-quinze ans,
Je cours, je cours, la nuit pourtant,
Putain, le temps s’enfuit,
Dans mes rêves de mélancolie.
Je m’aperçois hélas,
Que je ne possède presque rien,
Certes mon argent s’entasse,
Mais je suis seul et orphelin.
BientĂ´t quatre-vingt ans,
Je cours, je cours, plus comme avant,
Je m’aperçois trop tard,
Que ma vie ne fut qu’illusoire.
Je vais finir mes jours,
Avec ma conscience meurtrie,
Sans enfant ni amour,
Mais alors, m’aurait-on menti ?
Mais alors, m’aurait-on menti ?
LoĂŻk Perrin