Cailloux
Approcher un soir de mélancolie
De l’âtre enfumée sa tête brouillée
Pour sécher ses arguments mouillés
Par l'apesanteur des plis de son lit
Le téléphone soudain retentit
Vite, vite un village enseveli
S’affole à la tombée de la nuit
Inondé par des averses de pluie
Les étoiles épient les nuages
La lune butte sur un gros orage
Il tourne le dos aux rivages
Sa pioche comme unique bagage
L’eau impressionnée s'enfuit
Et épouse le corps d’une crevasse
Pour dégager la voie pleine de vase
Suites ininterrompues de taudis
Il souffle sur la braise nourrie
Du sang de ses veines qui suintent
Lézardes de son cœur qui pointent
Les jours et les années sans répit
Essoufflé il se prend par la main
Aspiré par la spirale du temps
Pour le royaume des morts vivants
Des blouses blanches en déclin
Que fait ce caillou dans votre cœur
De grâce arrêtez de gémir
Pourquoi l’avoir laissé grossir
Pour n’aimer que votre labeur
Deux cachets le matin, un à minuit
A prendre illico sans préavis
Allez vite profiter de la vie
Dans la nuit tous les chats sont gris
Sa femme aigrie le prend pour cible
Pour déverser sur lui ses sarcasmes
Lui qui n’a que sa bonté pour arme
Investi de missions impossibles
Charef