La vieille

La tisane est fumante, elle revient s'asseoir
Profite encor un peu de la douceur du soir
Le châle sur ses épaules lui offre la chaleur
Qui manque à son âge, un plaisir sans valeur

Elle pose son livre ses yeux ne veillent plus
Et vouloir insister deviendrait superflu
Son être est fatigué, le temps s'est écoulé
Elle quitte son fauteuil sous le ciel étoilé

Elle respire un instant les senteurs de l'été
Puis rentre à petits pas, un pauvre corps voûté
Se couche dans ce lit bien trop grand aujourd'hui
Cette chambre où jadis son doux coeur fût séduit

Son amour est parti bien trop tôt avant elle
Mais elle décida de lui rester fidèle
Ô il ne manqua point pourtant de prétendants
Mais elle les éconduit gentiment cependant

Chaque jour la rapproche de l' instant magique
Où elle effacera enfin ce jour tragique
Ce moment où sa main s'unira à sa main
Pour une éternité sans peur du lendemain