Plume de satin Inscrit le: 5/5/2015 De: Paris |
Un Voyage Guidé par mon ivresse et mes humeurs Vagabondes mais sans crainte, Dans cette coque que trop souvent les vagues esquintent, Je me laissais porter sans rancœur.
Bercé par la houle aux courbes merveilleuses, La harpe jouait sur ses cordes de cristal. Depuis son majestueux pied d'estal, J'observais ces eaux profondes et tumultueuses,
Si bien que le bateau tangue et bascule. Le murmure de la bise devint cinglant ! Je m'accroche, le mat plie sous le poids du vent, Une valse qui dure jusqu'au crépuscule.
La, j'atteints une tour de briques creusées par les flots. Le phare aveugle, humble face au temps, Colosse solitaire et résistant. Je scrutais l'horizon, dernier des matelots.
Solitude et fatigue pour unique équipage, Comme le poète je m'enferme dans ma cale et rêve. Insoucieux des marrées, c'est sous le fracas des planches que je me leve. Ici je demeure, prisonnier de mon propre voyage.
Même brisée, la harpe résonne de plus belle. Je contemple les eaux sous le voile de l'astre luisant, Des milliers de gouttes dorées constellent la surface de l'ocean. Une sirène m'emporte dans un songe eternel.
Aux voyageurs égarés, n'ecoutez pas mes peines : Des peines je n'en ai plus, je suis bien trop emerveillé, Car depuis le depart je n'ai pas ancré Et je voyage jour et nuit de domaine en domaine
Sur cette mer azurée, sous les vols vif des oiseaux, Mon navire vogue contre vents et marrées. Parfum amer et acre des ecumes salées Emane de la noirceur profonde des flots.
Le zephyr seche le bois, mouillé des dernieres pluies, La coque tachée du vin rouge et des algues verdatres, Et les rames brunies par la rosée douceâtre, Chasse de ma proue le râle de l'ennuie.
Et ces couleurs chatoient et me rappelle parfois, Quel amour odieux j'ai porté a la mer, Je ne puis m'abstenir, je veux quitter la terre, Sentir la caresse de la houle sur mes doigts.
Combien d'ilots, de ports et de ponts Ont defilé sous mon regard ensorcellé par la mer ? Le voyage dans l'ivresse du chasseur solitaire Ne termine jamais au fil des saisons.
J'allais sous les cordes, les nuages et les voiles Partir au loin pour fuir le temps, Dans ce navire taché des souvenirs plus colorés qu'avant Naviguer, inconsciant sous l'eclat des etoiles.
Mais les lames n'ont que trop bien brisé Le squelette de chêne de mon navire Le torrent s'ecrase et pour de bon il chavire Je vois l'orage sombre, et mon ame saoulée
Baignée par la lumiere des arc-en-ciels marins Soupire et regrette les méandres passés Les ruines d'une terre trop de fois oubliée Au milieu des eaux pures et douces comme le satin.
Je ne puis rester là , sur les flots enchanteurs Naviguer sans amares, libre comme le courrant Je redresse la barre et contourne le vent, Je quittais les eaux qui ont innondé mon coeur.
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