C'est le mois de mai.
L'odeur du lilas qui traverse la chambe de Joseph l' incite à écrire.

Depuis dix ans, plus personne ne vient le visiter.
L'ennuie, la douleur le tuent peu à peu.

Installé à une table d'appoint devant la fenêtre de la résidence où il habite,
une plume à la main, il essaie d'écrire ses mémoires.

Mais son projet bascule à peine ébauché, l'encre se fige.

Il se souvient d'un anniversaire, lequel était-ce?
L'accident de Jean, comment était-il arrivé?
A quel endroit avait eu lieu le mariage de Nicole?

Il est incapable de se souvenir.

Tout se bouscule dans sa tête.
Ses enfants n'ont plus de visage, le temps pour lui s'est arrêté.
Sous ses cheveux blancs, c'est le vide.
Les odeurs, la chaleur d'un baiser, la maison, il n'en reste rien..

Sa main tremble, ses yeux mouillés fixent l'encrier.
Il trempe sa plume à nouveau, mais à quoi bon, il la redépose sur sa feuille blanche.

Il a entrepris d'écrire ses mémoires, alors que celle-ci l'à déjà quitté depuis longtemps.

Seule une tache d'encre en témoigne.