L'abeille bourdonnante*
Lors de tous les matins
Et juste à cinq heures
Sans point mettre de fin
Elle éveille de loin le cœur
Ma douce mère sans sein
Ma seule magique demeure.
Me voici passager à Moscou
Triste et étrange étranger
Mais d'une autre amant fou
Simple berger parmi les bergers
Ma mère au parfum doux
La seule où j'ai toujours logé.
Je me suis endormi à Minsk
Loin, très loin de Kairouan
Étranger et exposé au risque
Triste enfant sans maman
Et me berce son doux disque
"Allah akbar" Ã travers les monts.
Une autre fois, c'est Munich
Et le grand froid glacial
Et je suis parmi les cheikhs
Réchauffé par une douce étoile
Écoutant presque des chants sikhs
Des mosquées de Kairouan, la belle.
Je le sais bien, c'est le Caire
Et je suis entre les bras de Morphée
Me réveille le matin avec un repère
La seule très Grande Mosquée
Comme moi, située au cœur de ma mère
Kairouan la maman, Kairouan la fée.
Le jour me connait immigrant
La nuit m'accouche kairouanais
Le "je" se couche et le "moi" le surprend
Avec les ruelles où je suis né
De Kairouan à l'envoutement grand
A la magie durant des années.
Chaque matin, depuis une éternité
Je meurs étranger ailleurs
Et comme un sphinx, je prends mon thé
Ne portant que ses seules couleurs
Ni Bymbaati, ni Julia, ni Dorothée*
Kairouan et je vis, Kairouan et je meurs
* titre inspiré d'un texte de l'écrivain kairouanais Kamel Ayadi
* prénoms de filles connues