GUIMAUVE


Mon petit chat Guimauve en mai qui t'a vu naître
Sans bruit t'en es allé. Mon compagnon n'est plus
Et son cœur simple et pur jamais ne battra plus
De ce timide amour qu'il vouait à son maître.

Tous tes menus larcins sous-tendus de remords,
Les nerfs à fleur de peau des frayeurs psychopathes,
Ta griffe qui s'oublie aux meurtrières pattes
Sur ma peau consentant à tes fiévreux transports

Je ne connaîtrai plus ! Et ce vide en suspens
Étreint mon cœur de peine. Il est à mes oreilles
Guettant ton pas léger ; il rôde dans mes veilles
Quand manquent ta caresse et tes miaulements ;

Il est à l'herbe sèche où tu pris le soleil,
Et dans le trot furtif des souris effrontées
Divaguant aux chemins en festives nuitées ;
Il est aux nids d'oiseaux te gardant en éveil ;

Il est au seuil muet de la fuyante nuit
Où tu ne parles plus sous la lune complice
D'un feulement étrange émis avec délice,
Querelles de matous sous le ciel de minuit.

Pour que vive toujours en souvenance chère
Le mystère pensif de l'azur de tes yeux
J'ai fleuri ton repos d'un bouquet d'iris bleus,
Au pied du vieux sapin sur ta tombe de terre.


N.G.

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