Les enfants s'éloignent pour mourir
La terre sans ses très fragiles anges
Est un pauvre corps sans son âme
Sa vue déplaît trop et nous dérange
Et seuls s'y plaisent bien les infâmes
Expatriés des champs des ancêtres
Ils s'en vont vers un triste ailleurs
Et subissent aussi les lois de la guerre
Inventées par des gens sans cœur
Et ils traînent leurs souvenirs de joies
Perdues avec la perte de leurs mères
Ils ne comprennent aucune de ces lois
Qui ont toutes causé leur grande misère
Un jour ils étaient tous enfants heureux
Dans une petite maison qui les protège
Entre des parents toujours amoureux
Le doux bonheur a élu chez eux son siège
Sont venus et bombes et avions et malfrats
Leurs maisons ne sont alors qu'un souvenir
Plus de père, plus de chien et plus de chat
Il faut partir très loin, la joie ne doit revenir
Et les voila munis de leur seule faiblesse
Chassés comme s'ils étaient une cause
De tout ce qui divise et de tout ce qui blesse
Le noir de la fumée a caché le beau rose
Des rapaces effleurent presque leurs têtes
La soif s'accentue et la route est longue
Ils n'osent dire que les adultes sont bêtes
De refuser la vie et de suivre les harangues