L’homme et la femme
Sans se regarder
Marchaient à grandes
Enjambées mais hésitantes
Tout de même
Car le décor leur était
Inconnu

Le ciel s’était assombri
Et par endroit
Éclairs et eaux s’abattaient
En démesure
Sous leurs regards inquiets
Et ce murmure
Qui déjà les tourmentait
Devenait immense tonnerre

Il fallait rejoindre sans tarder
Ce qu’il restait de clarté
Dissimulée au bout de la plaine
Il aurait fallu marcher plus vite
Mais le sol d’abord ferme
Commençait à se dérober
Et le pas devenu plus lourd
Semblait résister

Derrière eux
Loin déjà
Le noir s’était installé
Pas la nuit, un noir plus profond
Infranchissable

Du verger il ne restait rien
Pas une racine ni ronce
Les cultures mangées par la terre
Ou peut-être le feu
Ou peut-être la colère
Le vert et l’abondance
Ne paraissaient plus
Et la terre n’était plus terre
Ou n’avait jamais été
Mais une mouvance
Un tremblement exagéré
Où se noyaient les couleurs
Qu’on croyait éternelles

Et cette voix qui n’appelait pas
Mais qui semblait parler
Une langue oubliée
Dicter des mots
Comme une loi
Sombre et puissante
Dominait l’orage
Pour dire aux choses
Qu’elles ne sont plus
Et aux hommes

Il lui tendit la main
Pour franchir ce qu’il restait
D’un royaume déjà oublié
Une nouvelle existence commençait
Sur une terre aride
Rongée par vent
Animée par le temps
Qui venait de décompter
Terre qui sera rebelle
Et jalouse de ses offrandes

Tout construire, inventer
Suer les gouttes de son front
Sur les outils
Semer récolter engranger
Survivre maintenant
Et imaginer un autre avenir
La tête baissée
Le regard limité par l’horizon
La vie limitée par la mort
Dans l’épaisseur de la connaissance

une superbe lecture inspirée digne d'une Genèse... très belle création, merci

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"De même que le diamant n'est qu'un morceau de carbone tant qu'il n'est pas cristallisé, l'homme n'est que néant tant que la pensée n'a pas taillé son âme comme un joyau dont chaque facette célèbre la lumière éternelle"
Christian Bobin

C est bien mystèrieux, ça fait penser à une terre que l on doit reconstruire ou bien c est symbolique .
La forme est en tout cas originale et recherchée en pictural .

merci pour ce magnifique et profond écrit
bonne soirée
Denise

Un poème tragique , un destin , deux vies se jouent devant nous face à une effroyable tragédie:

la Révolte de la Nature face à la folie des hommes ,

Très fort

Amicalement

Jean-Pierre

quelle tristesse.. un moment de poésie très fort en émotion... et en tristesse...

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Es ce là l'histoire d'Adam et Eve,chassés de l'éden,qui sur terre devaient suer et expier par tant de labeurs
pour survivre mais au bout de l'éphémère limité par un temps qui ne durera que le temps
qu'une rose fleurisse,dépérisse et revient sous terre,semence de mort....

Sortir de l'éternité en bas dans l'évanscence pour encor revenir vers l'éternité mais
tout celà a un prix ,et encor faut il avoir une conscience ,une foi...pour pouvoir
reconquérir et franchir le sol de l'éternité...

Qu'avons-nous fait ? ...... les péchés originels et plus tard ici bas ce fut encor l'horreur inimaginable,
d'ailleurs ce siècle est une image d'horreur.

Un très beau poème profond et dense,il se peut que j'aie compris tout de travers mais en tout cas
ce fut un plaisir de vous lire.

c'est très beau, j'ai pensé au Job de la bible, qui traine sa misère et se plaint à Dieu, ce poème s'élève aussi vers les nues pour extirper le sort de l'humain, que ces vers sont beaux et profonds, merci



yann

Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage jusqu'à ce que tu retournes dans la terre d'où tu as été tiré. Genèse 3.19

Merci pour votre passage sur un texte un peu obscur, peut-être un délire sur l'Eden et la fuite en avant d'Adam et Ève.

Au plaisir de vous lire.

Claude

Combien de Paradis devrons nous aussi quitter pendant notre courte existence ?

Celui de l'enfance, de l'amour, de la jeunesse. On se fait virer de partout !

Amitiés

Claude ,bouleversant et magnifique ,les mots d'un poète qui écrit la souffrance d'humains mieux que quiconque plus fort que des images ,plus fort que la radio,je n'ai qu'un mot ,exceptionnel!
Mon coup de cœur
Amitiés de plume
Marc

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Segolin183 mi-ange mi-démon

je suis perdu dans ce labyrinthe infernal
recherchant le chemin qu'avait construit Dédale
mais un petit espoir brillant comme lumière
me raccrocha aux biens de mes plaisirs d'hier.


Guy

Une atmosphère très forte de début du monde ou fin des ténèbres
Ton poème me fait l'effet d'un tableau fantastique
D'ou deux créatures se détachent
Pour cheminer
Et culminer vers le destin de l'humanite
J'aime les deux derniers vers
Car la mort est
Et notre connaissance ne va au delà
Merci à toi

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Amicalement Alanna

Une lecture au goût de fin du monde, une histoire qui nous y tient en haleine et, au bout, peut-être une renaissance.
Merci pour ce superbe partage, claudeb.

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L'oasis n'est peut-être pas le paradis
Mais vos commentaires
Sont de saintes écritures

Encore merci à tous

Claude

J aime beaucoup merci

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Une belle inspiration qui rappelle des sagas connues et qui se raccroche à l'actualité.
Super.

c'est grandiloquent

de la grande poésie



MG

Citation :

Superbe

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LJB - Site : LJB Auteur

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Lire, c’est rencontrer du monde, au plus profond de soi.

Bonsoir claudeb, très beau et touchant partage poétique

Amicalement