ARRIERE-SAISON
Déjà le pourpre flambe au pied de vigne vierge
Vrillant son feu-follet sur le faîte des murs
Où dorment des lézards qu'une fissure héberge,
Et la saison se meurt croulant sous les fruits mûrs.
S'animent de rumeurs les coteaux qu'on vendange
Et les derniers rayons d'une oblique clarté
Mûrissent les épis du regain qui s'engrange ;
Septembre s'éternise au versant de l'été
Et peint en or changeant le fond de la clairière
Où la lépiote juche en haut d'un pied ligneux
Son jupon isabelle ouvrant à la lumière
Une ombrelle géante au duvet écailleux.
S'inflige d'un bémol la subtile fêlure.
La colchique aux prés sème un mauve vénéneux,
S'invitent les frimas et leur âpre morsure,
S'abattent les corbeaux jetant leurs cris affreux...
Le prude chrysanthème aux relents d'outre-tombe
Met un ultime éclat aux jardins en sursis.
Octobre encor joyeux décline vers la tombe.
Au cimetière clos chuchotent les esprits.
Et les godelureaux, le long de sa clôture
Promènent nuitamment le flambeau grimaçant
D'une citrouille énorme à l'hilare figure
Qui, de terreur, fera grelotter le passant.
Goûtez l'été indien, son fugace délice !
Aimez-vous ! L'ange passe et bénit les vivants
Voici venir l'hiver de l'an qui agonise,
S'enfuiront les baisers sur les ailes des vents.
N.G.
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