Ă” dit-moi, ma maman,
Mais comment faut-il faire,
Pour suspendre le temps,
Et fuir sa misère ?
Il parait qu’à vingt ans,
On ne pense qu’au futur,
Qu’on ignore tout du vent,
Et de ses blessures.
Il parait qu’à trente ans,
On a plein de projets,
On vit Ă cent pourcent,
Sans le moindre regret.
Il parait que souvent,
La cinquantaine passée,
C’est un petit tournant,
Mais sans méchanceté.
Alors dit-moi, maman,
Moi qui vis en ce temps,
Mes plus jolies années,
Pourquoi suis-je obsédé ?
Nostalgique toujours,
D’une enfance douce,
D’un demain sans détour,
Qui toujours me repousse.
Peureux, certainement,
Malheureux trop souvent,
De ne plus revivre,
Ces jours qui délivrent.
Plus j’y repense et plus,
Je me dis, vieillir,
C’est s’éloigner des rues,
Qui m’apprennent à rire.
S’irradier le cerveau,
De produits toxiques,
« RESET » du ciboulot,
C’est si pathétique.
Pourtant, je ferais tout,
Pour revivre une heure,
Ignorant mais debout,
Sans la moindre aigreur.
Ă” dit-moi, ma maman,
Que ce voleur d’enfants,
Que l’on prénomme le temps,
Ne prendra pas ta main !
Ă” dit-moi, ma maman,
Que ce tueur volant,
Avide de pleurs, de sang,
Ignore ton chemin !
Je n’ai pas peur demain,
De passer l’arme à gauche,
Si tel est mon destin,
Le champ des débauches.
Je me moque de voir,
Les marques acerbes,
Des griffes barbares,
Sous mes yeux miroirs.
Je me moque d’avoir,
La courbure de l’herbe,
La douleur notoire,
Dans mon corps foutoir.
Tant que tu restes-lĂ ,
Et omniprésente,
Dans mon cœur trop froid,
Forte et souriante !
LoĂŻk Perrin