Je ne sais pas, d’où me vient cette folle envie,
Celle de me lever, puis d’aller vers le micro,
De m’exprimer tout autrement que par l’écrit,
Lever les bras et puis hurler mes idéaux !
Envie de donner sans la moindre retenue,
Tout ce qui vit, dans mon ventre et mon ciboulot,
Tout comme une thérapie, puis ma mise à nu,
Tout comme le danger, ne plus se sentir sous l’eau.
Crier encore, crier toujours, crier plus fort !
J’ai tant de peurs, tant de colères, tant de rancœurs,
J’ai tant de ports, tant d’éphémères, tant de décors,
Pour crier, pour partager et pendant des heures !
Les lèvres accolées, à ce porteur d’émotions,
Ce drôle d’engin, qui fait lever des foules entières,
Qui fait chanter, qui fait pleurer, qui fout les j’tons,
J’en rêve en vain et dans mes mains, une lumière.
Qui sait un jour, me trouverais-je devant vous ?
Honteux, timide, transpirant de maladresse,
Rempli d’amour, droit comme un i au garde-à -vous,
Comblant le vide de ces années de faiblesse !
Et nous crierons, encore une fois, un cri si fort,
Comme un combat, une révolte contre la peur,
Comme un seul nom et pour un monde sans remords,
Et nous crierons, à l’unisson, alliant nos cœurs !
Qui sait un jour, j’attendrais assis sur scène,
Sans public et sans amis, sans gens qui m’aiment,
Réalité d’un tour, d’une ambition humaine,
D’une société qui n’a que faire de mes poèmes.
Alors, moi je plongerais mes yeux, dans le noir,
Avec fatalité d’une déception cruelle,
Alors, moi je me lèverais pour y croire,
Sans m’indigner, je me rendrais dans la ruelle,
Et je crierais, encore une fois, de tout mon corps,
L’anonymat me fait pas peur, mais ma douleur,
Au grand jamais, c’est le silence de ces morts,
Passants d’autrefois, passés et sans saveur !
Je crierais, pour que ma voix s’épanouisse,
A mille, à deux, ou même seul, peu m’importe,
Je n’tairais, ceux qui adoubent les édifices,
Et qui brillent, dès lors que je ferme ma porte.
Debout, devant ce micro que j’imagine,
J’ai tellement de choses, à vous dire mes amis,
Je suis à vous, comme à la rose ses épines,
A présent, il faut que j’ose, alors me voici…
Loïk Perrin