Ma vie est partie en morceaux Chaque morceau sa couleur Comme peinte d’un pinceau Qui m’avait en horreur Déjà couché dans mon berceau Fusaient en moi, cris et fureurs J’ai sauté les repères, j’ai joué des tasseaux (*) J’ai nagé dans toutes les humeurs En tout je faisais des sauts Pour assouvir ma soif et apaiser mes peurs Maintenant usé et rouillé ; est le vaisseau Mon âme se nourrit d’une tristesse intérieure on me dit tu es un verseau est-ce pour calmer ma douleur comme on se joue d’un sot on me fait voir toutes sortes de lueurs ma vie mouvementée se mesure au boisseau (*) que dirais-je demain à mon seigneur
(*) tasseau : dérivé du latin '“taxillus”' ; petit dé à jouer. boisseau : ancienne mesure de capacité pour les matières sèches valant a peu- prés 13 litres.