Ma romance était si longue,
En millier de pages noircies,
Assis, j’attendais le gong,
Au creux d’un songe et de mon lit.
Je n’avais déjà , nul endroit,
Pour vous exposer ma pensée,
Mes poèmes, certes maladroits,
N’avaient aucun droit, de gaîté.
Je vacillais entre l’espoir,
Et l’abandon, bien trop lâche,
Seulement, il me fallait voir,
Mon futur, ce port d’attache.
Car la poésie ne nourrit,
Ni un homme, ni sa compagne,
Rapidement, je l’ai compris,
Mais moi, j’ai une âme à poigne.
Vu les paroles « courant d’air »,
Encore plus vide que le vent,
Qu’on nous vend, sur un p’tit air,
De pop sympa bien attristant.
Je me suis dit : Et pourquoi pas,
Après tout, en tant qu’auteur,
J’ai tout ce qu’il faut dans les doigts,
Pour séduire des chanteurs.
Mais dans ce monde bien étrange,
Y’a autant d’intermédiaires,
Que de rimes qui s’échangent,
Dans les veines de mes vers.
Je suis donc rentré bredouille,
Plusieurs semaines plus tard,
Sans un mot, sans une bafouille,
Sans réponse à mon égard.
Car la poésie ne nourrit,
Ni un homme, trop plein de rêves,
Ni une femme, même très jolie,
Elle n’est qu’un arbre sans sève.
Et pourtant jamais, je n’pourrais,
Accepter à me résoudre,
Qu’écrire ainsi, comme je le fais,
N’aie qu’un espoir à dissoudre.
Loïk Perrin