Pourquoi faut-il, chéri, déjà que tu me quittes,
Tes lèvres m’effleurant, juste avant le partir ?
On ne peut pas ainsi s’aimer à la va-vite,
Et laisser nos deux cœurs, par nos maux s’envieillir.*
« Ce n’est pas un amour », comme dirait Magritte,
Cette image de nous est une trahison,
N’allons pas déclarer trop tôt notre faillite,
Tu ne peux aujourd’hui clore notre liaison.
Non, l’amour éternel, à mes yeux n’est un mythe,
Je sais qu’une autre fois, le feu va rejaillir,
Je refuse d’avouer qu’une passion s’effrite,
Un jour, sans crier gare, elle saura revenir.
Je ne pourrai te voir abandonner ma couche,
Nous sommes tous les deux les enfants d’Aphrodite,
Je ne puis concevoir que plus tu ne me touches,
Oubliant nos frissons, et chacun de nos rites.
Retrouvons le tempo de nos béatitudes,
Nous étions, je le crois, des amoureux d’élite,
Inaccessibles au temps et Ă la solitude,
Et en mes yeux ravis, toi, tu lisais l’invite.
Nous nous retrouverons au fond de notre gîte,
Et nous nous Ă©treindrons, dans un long bouche-Ă -bouche,
L’amour, je le sais bien, n’est une marguerite,
Dont les pétales choient aussitôt qu’on les touche.
Dumnac
*Mot emprunté à Régnier, Élégies