VERLAINE


J'ai tes chansons, Poète, en douce souvenance,
Et de leur soleil noir la sombre fulgurance,
M'ouvrit un certain soir son portail étoilé,
Tel un riche présent à mes yeux dévoilé.

D'étranges horizons la superbe largesse,
Palpitait à ma tempe en une intime liesse.
J'entrais en poésie en mes fiévreuses nuits.
Elle était le creuset des passions et des bruits.

Elle était au détour d'une riante plaine
Aux fièvres et fracas de la fureur urbaine.
Elle allait se repaître au bas-fond visité
Et naissait aux sanglots de la captivité.

Elle s'en fut fleurir aux vieux beffrois flamands,
Aux rues qu'arpentaient jadis les deux amants,
Aux humides reflets des pavements des villes,
Aux vapeurs de l'alcool, aux déchéances viles.

Elle était au cachot, le soleil sur le toit,
Quand couvait l'éclosion d'une nouvelle foi
Où ton dieu te souffla la rédemption sublime
En poèmes t'ancrant au surplomb de l'abîme.

Je veux louer ici de mes vers imparfaits
La splendeur de ta plume aux chatoyants effets
Et salue en ton art l'inimitable haleine
De ton puissant talent, ineffable Verlaine.


NG

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